“Le programme mis en place par Sauber a vraiment un sens“
Comme beaucoup de techniciens travaillant pour une grande structure internationale, Rickard Kaell (45 ans) a débuté dans le karting en tant que pilote. Le Suédois a atteint le haut niveau et a eu l’honneur de remporter une épreuve du Championnat d’Europe Formule Super A en 1996. C’était lors du Grand d’Italie à Lonato. Par la suite, son parcours professionnel l’a mené à côtoyer de nombreuses équipes. En 2019, il a pris de nouvelles responsabilités en devenant team manager de la Sauber Karting Academy.
Rickard Kaell, nous avons l’impression de vous croiser dans un paddock de karting depuis une trentaine d’années. Est-ce exact ?
Oui, c’est à peu près ça ! J’ai commencé ma carrière en karting dans mon pays, en Suède, à l’âge de 11 ans. J’ai participé à ma première course internationale à Pomposa lors de la Coupe du Monde Junior en 1988. C’était donc il y a 31 ans ! J’ai grimpé les échelons jusqu’à la Formule Super A en devenant pilote officiel du team PCR, qui était une marque prestigieuse dans les années 80-90. J’ai obtenu la 5e place au Championnat d’Europe en 1996. J’ai côtoyé les Pantano, Quintarelli, Manetti et Rossi. C’était une belle période. J’ai arrêté en 2000, lors de l’apparition des moteurs à refroidissement par eau.
Pour vous, était-ce naturel de rester dans le milieu du karting ?
Oui, complètement. Je fais partie de ces grands passionnés qui sont heureux lorsqu’ils sont dans un paddock et lorsqu’ils suivent de l’intérieur des courses de kart toutes plus excitantes les unes que les autres. J’ai d’abord créé mon propre team, Italsport. J’ai gagné en notoriété en assurant l’assistance du Britannique Jamie Green, lequel a ensuite effectué une belle carrière en monoplace. Ensemble, nous avons gagné une épreuve du Championnat d’Europe Formule A à Valence, l’année où le titre se jouait entre des pilotes comme Hamilton, Kubica, Rosberg, Piccione, Duval ou Ardigo ! Puis Paul Di Resta, à l’époque futur pilote de Formule 1, m’a rejoint et nous avons encore obtenu d’excellents résultats.
Comment s’est faite la rencontre avec Dino Chiesa ?
Après PCR, j’ai également collaboré avec l’usine Birel, avant que Dino ne me présente un projet avec la marque LH qu’Anthony Hamilton, le père de Lewis, voulait lancer et développer. Mon meilleur souvenir de cette période reste le Grand Prix de Macao en 2012 que le Britannique Tom Joyner a remporté, ce qui lui a permis de devenir vice-Champion du Monde. Quand la structure LH a dû s’arrêter, j’ai voulu poursuivre avec Dino Chiesa. C’est quelqu’un que je respecte beaucoup. Pour moi, c’est le meilleur technicien du paddock. Il sait écouter les pilotes, les mécaniciens et les team-managers, pour ensuite prendre les meilleures décisions. On a partagé ensemble une partie de l’aventure Zanardi-Strakka Racing, avec cette fois le titre de Champion du Monde KF pour Joyner en 2013.
Vous aimez décidément côtoyer les noms issus de la F1, puisque nous vous avons vu avec la marque Ricciardo Kart…
Lorsque Dino Chiesa est revenu chez CRG pour prendre la responsabilité du service compétition, j’ai participé au lancement du châssis Ricciardo Kart avec le team officiel. Cela m’a permis de découvrir autre chose, de me lancer un nouveau challenge. Mais lorsque Dino a créé Kart Republic , il m’a rappelé et j’ai naturellement répondu présent. Nous nous entendons très bien, il me fait confiance et ça fonctionne parfaitement entre nous. Avec la marque KR, le succès fut d’ailleurs au rendez-vous une nouvelle fois !
Rosberg puis Sauber, là encore la Formule 1 n’est pas loin…
Je pense que c’est une bonne chose que les écuries de F1 s’investissent en karting et participent à l’ascension des jeunes pilotes jusqu’au sommet de la pyramide. En 2018, la création de la Rosberg Racing Academy avec les châssis KR et les moteurs IAME a marqué les esprits. Nous avons fini l’année avec le titre de Champion du Monde en OK pour Lorenzo Travisanutto et la 4e place en OK-Junior pour Taylor Barnard. Puis, début 2019, lorsque le Sauber Junior Team a souhaité s’impliquer en karting, Dino Chiesa m’en a immédiatement parlé. J’ai rencontré Frédéric Vasseur et Alessandro Alunni Bravi, deux personnes que je connaissais déjà depuis quelques années. Le temps de tout mettre en place, nous avons manqué les premières épreuves de préparation, mais nous étions prêts pour la première compétition du Championnat d’Europe à Angerville. A cette occasion, Dexter Patterson a remporté la finale.
Quel bilan tirez-vous de cette expérience ?
Globalement, ce fut une bonne première année de collaboration. Nous avons également fait rouler le Suisse Joshua Dufek, qui a énormément progressé en 2019. Il n’a pas manqué beaucoup de choses à Patterson pour décrocher un titre, mais il termine quand même 3e du Championnat d’Europe et 6e du Championnat du Monde en OK. Il courra en monoplace l’an prochain. Le Singapourien Christian Ho a rejoint l’équipe en fin de saison en OK-Junior. Nous avons aussi suivi de près le prometteur Britannique William Macintyre, qui a évolué en Mini en 2019 et qui s’apprête à accéder à la catégorie OK-Junior. L’année 2020 s’annonce sous les meilleurs auspices, nous aurons une formation solide pour affronter cette nouvelle saison.
Outre les résultats, quelle est la philosophie de Sauber ?
L’objectif de ce partenariat est de participer à la formation des pilotes, à les préparer le mieux possible pour la voiture et à les aider quand c’est possible sur le plan financer. Pour le karting, il faut avouer que c’est positif de voir de telles filières se mettre en place. Nous avons beaucoup de pilotes de talent en karting. Les repérer et les accompagner dans leur carrière reste une excellente initiative. C’est une bonne solution pour ceux qui n’ont pas forcément d’importantes sommes d’argent à dépenser en automobile. C’est motivant pour les pilotes les plus méritants. A mes yeux, ce programme mis en place par Sauber a vraiment du sens.
Sur un plan plus personnel, avez-vous apprécié votre implication ?
Oui, j’aime ce rôle. Si je suis principalement affecté au Sauber Karting Team, je discute beaucoup avec Dino Chiesa sur tous les autres sujets: matériel, technique, stratégie, management des pilotes, etc. Il existe une vraie dynamique actuellement avec tous les teams travaillant sous les couleurs de Kart Republic et utilisant les châssis KR ainsi que les moteurs IAME. Au final, tout le monde progresse et les pilotes ont tous à y gagner. Cela donne la même chance à chacun. Ensuite, bien sûr, c’est au pilote de faire la différence sur la piste.
Info FIA Karting / © Photo KSP