La journaliste britannique Mary-Ann Horley vient de publier sur son site Kartilnk.com, un article intéressant mettant en perspective l’ancienne Formule Super A et la KF1 d’aujourd’hui. Avec son autorisation, Kartcom a traduit et publie maintenant son texte.
” La formule Super A a été la catégorie la plus relevée en karting entre 1992 et 2002, entre la fin de la Formule K et son remplacement par la Formule A, à la suite de son boycott par les constructeurs. La Super A n’a concerné que des meetings internationaux de haut niveau au palmarès desquels ne figurent que des pilotes auparavant bien classés en FA (dans les 7 premiers). Les moteurs étaient en théorie identiques à ceux de FA, excepté pour le carburateur à guillotine.
Conçue pour remplacer la Formule K 135, la Super A utilisait des moteurs réservés aux seules épreuves internationales de la CIK, ce qui était loin d’être rentable pour les constructeurs. En 2003, seul Sodikart souhaite participer au championnat du monde FSA sur plusieurs épreuves. Toures les autres équipes boycottent la série pour protester contre le projet d’introduction des moteurs 4 temps dès la saison suivante. Le championnat est annulé et la catégorie FA instituée au sommet du karting.
Comme nous le savons maintenant, le moteur 4 temps n’a pas été mis en place en karting, parce que les constructeurs italiens ont refusé de le développer. Le président de la CIK, Yvon Léon, a démissionné et l’on s’est tourné vers les moteurs 125 KF qui évoluent actuellement et que nous aimons tant…
Cependant, au temps de la Super A, il y avait souvent plus de 50 pilotes d’élite en plus de la grosse centaine de participants en Formule A. La KF1, qui devait remplacer les deux anciennes catégories, peine à rassembler 50 pilotes en tout dans les grandes courses d’aujourd’hui. Certains pilotes chevronnés comme Davide Forè ou Sauro Cesetti ont pu continuer tandis que d’autres, Max Orsini ou Gianluca Beggio par exemple, ont été remplacés par des jeunes comme Marco Ardigo ou Arnaud Kozlinski. La plupart des pilotes de Super A étaient des professionnels et beaucoup d’espoirs de la Formule 1 couraient dans la catégorie (Jenson Button, championd’Europe 1997). Beaucoup d’autres se sont contentés de passer à la monoplace après la FA.
Quand la Formule A s’est retrouvée la catégorie reine, comme on dit, le nombre de concurrents a diminué, et cela fut encore pire avec l’arrivée de la KF1. De nombreux pilotes et teams ont décidé que la découverte d’une nouvelle catégorie n’était pas intéressante. De plus il est devenu impossible, au début des années 2000, de passer directement de la catégorie Junior à la Formule A, le passage par l’ICA étant devenu obligatoire. Ceci contraint les pilotes à rester en kart une année de plus, et ce n’est pas toujours bon marché.
Seuls le Royaume-Uni et l’Allemagne sont parvenus à conserver la KF1 dans leur championnat national, en attirant des jeunes concurrents, tant cette catégorie est devenue, par défaut, la seule catégorie internationale.
Paradoxalement, la scène internationale semble être en bonne santé. Il y a davantage de pilotes professionnels bien payés que trois ans en arrière et la compétition est vraiment séduisante. Mais beaucoup se plaignent que, pour ceux qui paient, les sommes comportent souvent six chiffres pour une saison. La hausse du budget s’explique par le fait qu’il est généralement nécessaire de participer à la WSK en plus de son propre championnat national pour avoir assez d’expérience et espérer bien figurer.
Si l’on ajoute la difficulté de gagner une course quand on n’a pas le meilleur matériel du week-end même si on est très bon, tout cela dirige les pilotes ambitieux vers l’automobile juste après la KF2, laissant la KF1 aux professionnels ou aux concurrents financièrement très à l’aise. Scott Jenkins est passé directement de la KF2 à la Formule Renault, Ollie Millroy dominait les tests en Formula BMW quand il est apparu que sa situation en KF1 serait ardue début 2007. D’autres pilotes ont déclaré qu’ils allaient faire de même cette année, en l’absence de proposition décente de la part des équipes d’usine.
Les pilotes qui auraient le talent pour passer en KF1 préfèrent rester une seconde saison en KF2 pour tenter de remporter un titre. Sur les 34 pilotes de la finale européenne KF2 à Salbris l’an dernier seulement 5 sont passés en KF1 cette année et l’un d’entre eux est parti en automobile après quelques courses. 10 pilotes sont restés en KF2.
Les victoires vont en majorité aux pilotes « âgés » comme Ardigo, Forè, Kozlinski, Cesetti, Parrott, … avec seulement quelques rares 1ères places aux plus jeunes comme Will Stevens ou Yannick De Brabander.
Alors, avec la domination de ces pilotes professionnels, l’augmentation des budgets, le départ prématuré des jeunes pilotes talentueux, ne serions-nous pas dans la même situation que dans la fin des années 90 ? “
info Kartcom / Mary-Ann Horley, Kartlink.com / © Photo KSP