« La réglementation a besoin d’un changement, c’est la seule manière de sauver le karting.» C’est par cette affirmation que Giancarlo Tinini, président de CRG SpA commence son bilan de la situation actuelle des catégories KF à l’occasion de l’inauguration de la nouvelle usine CRG à Desenzano.
« Les catégories KF sont en eaux troubles – dit M. Tinini – et cette situation n’a rien à voir avec le produit, qui est d’excellente qualité. C’est plutôt une question de réglementation, car celle-ci est beaucoup trop stricte. Si nous voulons continuer à aller vers l’échec en KF, il nous suffit de garder ce système. Si nous ne le simplifions pas, nous ne risquons pas de nous en sortir. Il nous faut simplifier, simplifier, simplifier. »
Par exemple?
« Il est nécessaire de faire des règlements plus simples, ce qui signifie donner la possibilité aux pilotes de passer plus de temps en piste plutôt que sur les chariots à faire de la mise au point. Avec le règlement d’aujourd’hui vous passez beaucoup de temps dans de nombreux tests au lieu de rouler, ce que veulent les gens. Ceci est la conséquence directe de la stupidité de nombreuses personnes. Nous devons être plus attentifs à cela et revenir à des règles bien éprouvées que nous avons utilisées pendant tant d’années, appliquées partout sauf en KF. Parce que le problème n’est pas dans le produit, mais dans les règlements. Pour moi, le produit est bon. Tous les fabricants ont atteint des normes de bonne qualité : si elles déterminent les réglementations, nous serons en mesure de remplacer l’ancienne 100cc. Je pense que toutes les ASN (Fédérations nationales, NdT) du monde devraient utiliser le nouveau moteur KF et fabriquer leurs propres règles de contrôle, comme nous le faisions en ICA ou en Junior (où il fallait seulement vérifier le volume de la chambre de combustion, les lumières d’échappement, le diamètre du carburateur et la taille de la boîte à clapets). La KF pourrait se développer ainsi très rapidement. Malheureusement, s’en tenir à ces règlements stupides ne pose que des problèmes. »
Est-ce la raison pour laquelle de nombreux pilotes sont plus attirés par le KZ?
« Bien sûr. Les concurrents sont de plus en plus attirés par le KZ et par les championnats mono-marque, où les règles sont beaucoup moins contraignantes. C’est normal. Nous devons cette situation à l’adoption de la première réglementation KF. À cette occasion, je me suis fâché et j’ai dit que de tels règlements ne pouvaient pas fonctionner. Ils sont tout simplement absurdes: ils ne sont pas faits pour le karting. Et il ne s’agit pas seulement des courses CIK, mais de toutes les courses ayant lieu les week-ends sur les circuits du monde entier. Les règlements doivent être simples et si nous ne réussissons pas à faire cela, nous risquons de gâcher toute une catégorie. En dehors de la stupidité de ceux qui insistent sur la validité de certains paramètres, pour réaliser un bon changement nous avons besoin du bon sens des ASN qui connaissent bien le karting. »
Est-ce pour cette raison que la participation aux compétitions CIK-FIA est remise en question par les plus grands constructeurs ?
«Notre entreprise a les idées claires: nous connaissons le karting mieux que d’autres et nous savons que la direction que nous suivons pour la réglementation n’est pas la bonne. Je le répète: les règles sont mauvaises! C’est le problème. Les essais, les règles strictes dans la production et la nécessité de suivre certains paramètres, entravent notre travail. Ils nous empêchent de faire des expérimentations, bloquent l’adrénaline des ingénieurs et des mécaniciens, en plus des pilotes. Il suffit de garder à l’esprit que le pilote ne se rend pas seul sur une piste. Tout un groupe de personnes l’accompagne: mécaniciens, techniciens et tous ceux qui coopèrent dans la mise au point du châssis et du moteur. Tous ces gens travaillent ensemble pour obtenir des résultats toujours meilleurs. Si on leur enlève cette possibilité, il leur manquera l’adrénaline et ils préfèreront aller à la pêche …, parce que nous ne leur avons pas permis de s’exprimer. C’est la chose la plus stupide que nous pouvons faire. Ces trois dernières années, nous avons beaucoup parlé pour dénoncer la façon impropre dont ces règlements ont été décidés, en particulier les règles qui obligent les constructeurs à travailler sur des projets qui sont beaucoup plus complexes et, par conséquent, beaucoup plus coûteux. Aujourd’hui, je suis heureux, parce que les autres usines, qui avait initialement soutenu ces règlements, commencent à comprendre que les choses ne peuvent pas continuer comme cela. Lorsque vous n’obtenez pas les résultats escomptés, cela signifie que vous avez besoin d’un changement. »
Alors, que devons-nous faire?
« Une chose très simple. L’an dernier – deux ans trop tard – nous avions déjà fait une proposition: il suffit de revenir aux règles de l’ICA et du Junior. Nous devons simplement avoir le bon sens de dire: faisons-le comme ça, avec le moteur KF tel qu’il est maintenant. Nous avons juste besoin de changer le règlement. Nous avons juste besoin de le faire. Si nous ne changeons pas, nous continuerons à avancer vers la catastrophe finale. »
Quel est le message pour la Fédération qui établit les règles?
« “Nous ne voulons pas la tête de personne, mais nous devrions avoir le bon sens de prendre un peu de recul, en ayant le souci du karting. Pour mettre les choses au point nous avons besoin de revenir à l’ancienne façon de faire. Aujourd’hui, les moteurs KF sont utilisés seulement dans les pays où les constructeurs le recommandent à travers leur réseau de concessionnaires, sinon personne ne les prendrait en considération. »
Info et Photo Service Presse CRG – traduction Kartcom