Directeur Technique National de la Fédération Française du Sport Automobile depuis 2008, Morgan Caron est en charge du développement du sport automobile de haut niveau. Son action s’articule autour de la détection, de la formation, et de l’accompagnement des pilotes, depuis leur plus jeune âge, vers le plus haut niveau. Il côtoie ainsi depuis plusieurs années Jules Bianchi, Romain Grosjean, Charles Pic et Jean-Éric Vergne, et est à même d’évaluer leurs performances lors des Grands Prix de Formule 1.
« C’était un des Grand Prix les plus intéressants de l’année, d’un point de vue sportif. Les nouveaux pneus avec leur structure en Kevlar, montés à l’arrière seulement, ont permis aux pilotes d’attaquer du début à la fin. Du fait qu’il n’y avait plus trop le phénomène de dégradation et souci d’explosion, ce GP a été excitant.
Retour de Romain (Grosjean) au premier plan. Il confirme enfin par un résultat sa pointe de vitesse qui a toujours existé, mais qu’il n’arrivait pas à mettre en valeur et à confirmer lors des derniers GP. Il a réalisé un week-end parfait en étant aux avant-postes. 7ème en qualifications, il devance Räikkönen sur la grille. Il prend un bon départ, et est tout de suite dans le top 5 et dans le rythme de Sebastian Vettel. Là où il est très fort, c’est sur son premier relais, avec les pneus softs. Il est le seul pilote à avoir fait 12 tours en softs, pendant que ses concurrents en faisaient 7 en moyenne, voire même seulement 4 pour certains. Sa force c’est d’aller vite sans trop les user. Ce long relais lui a même permis de prendre la tête du GP pendant quelques tours! Globalement, il a roulé très vite tout au long du Grand Prix et a été l’égal de Vettel en termes de temps au tour. Les températures élevées ont également joué en faveur de Romain, car les Lotus sont très efficaces dans ces conditions. Quand la voiture de sécurité est rentrée en piste suite à l’incident de Jules (Bianchi), Romain est juste derrière Vettel et maintient une pression constante. Malheureusement, il n’est jamais arrivé à réduire son écart en dessous de la seconde, ce qui lui aurait permis d’utiliser son DRS pour envisager une attaque sur l’Allemand. Ensuite, il a été professionnel en respectant la stratégie de course mise en place par son équipe pour privilégier Räikkönen, qui est en lice pour le titre de Champion du Monde. C’est le vrai Romain que nous avons vu au Nürburgring: rapide, efficace, intelligent. On a hâte de le retrouver à Budapest à la fin du mois de juillet où il avait obtenu l’année dernière son meilleur résultat en Formule 1 avec une deuxième place. Au regard de la performance de sa monoplace et sa motivation qui va être au maximum, on peut légitimement espérer une victoire française à Budapest!
Charles (Pic) devance son coéquipier (Giedo Van der Garde), une fois de plus. Il a fait une nouvelle course solide pour devancer les deux Marussia et son coéquipier chez Caterham. Auteur d’un départ correct, il a ensuite profité de la voiture de sécurité pour rentrer aux stands. La stratégie qu’il avait mise en place a malheureusement été légèrement contrariée par une crevaison lente à mi-course. Malgré un ultime passage dans les stands dont il est ressorti en dernière position, il a su finir en fanfare pour s’emparer d’une honorable 17ème place.
Pour JEV (Jean-Eric Vergne), les week-ends se suivent et se ressemblent, malheureusement. Après deux très beaux week-ends à Monaco et au Canada, il subit son deuxième abandon consécutif après celui de Silverstone. En difficulté avec sa monoplace tout au long du week-end, il n’a pas réussi à trouver l’équilibre idéal pour espérer briller. Il abandonne au 23ème tour suite à un problème hydraulique. Nous savons que JEV aura à cœur de faire basculer la tendance en sa faveur en Hongrie pour aborder la trêve estivale plus sereinement. D’ailleurs, comme il l’a dit de manière humoristique sur Twitter, « un pèlerinage à Lourdes s’impose peut-être pour aller à Budapest ».
Quant à Jules (Bianchi), il a vécu son pire week-end en F1. Il ne fait pas les essais libres 1 car c’est le troisième pilote qui devait rouler sur ce Grand Prix le vendredi matin. Souffrant, il n’a pu faire que dix tours le vendredi après-midi. Son week-end n’a donc vraiment débuté que samedi matin où, en qualif’, il arrive quand même à faire un temps honorable (18ème, à un dixième de Charles Pic). Il aurait peut-être pu faire un tout petit peu mieux:il a fait un bon tour, mais qui n’était pas optimal. Enfin, en course, il est victime de la casse de son moteur qui entraîne un début d’incendie sur sa monoplace. Cet incident aurait également pu créer un problème supplémentaire quand sa monoplace est partie seule en marche arrière en traversant la piste. Cela s’est heureusement bien terminé.
Rendez-vous fin juillet à Budapest sur un circuit où les qualifications vont être primordiales, le tourniquet hongrois étant en effet réputé pour être très faible en zones de dépassement… »
En attendant ce prochain Grand Prix, qui se déroulera en Hongrie le 28 juillet, découvrez le film de la course de Romain Grosjean en images:
Info FFSA